Prologue

Ruusan_canyons

Enchaînant les dénivelés à travers une forêt dense et difficilement respirable, Naato courait depuis deux jours et une nuit, en ne s’arrêtant que brièvement, fuyant un mal dont elle ne connaissait l’identité. En réalité, elle n’était même pas certaine de son existence physique. Mais elle pressentait le danger, c’était au fond d’elle même et cela passait par des picotements dans tout le corps, qui venait variablement à mesure qu’elle s’éloignait ou se rapprochait du supposé mal. Les branchages, les fougères et les ronces lui laceraient le visage et la peau à divers endroit du corps. Cette jeune femme ignorait tout de la planète sur laquelle elle se trouvait. Si ce n’est les bases de la survie en milieu hostile. C’est à dire la chasse, la pêche, le tissage, l’alchimie primitive et la construction de cases à l’aide d’éléments naturels. La jeune femme, aux yeux d’un vert émeraude à l’image de la végétation qui l’entourait, se mouvait avec un lourd fardeau, qu’elle couvrait et protégeait de tout son être. Entre ses bras fins mais protecteurs, elle portait l’objet de toutes ses attentions, son enfant à peine âgé de six mois.

Naato Ashanan’Clan ignorait qu’elle était, aux yeux de la galaxie et des sociétés civilisées, une Ruusanienne de pure souche. L’une des dernières représentantes d’une tribu primitive reclus sur Ruusan, tombée dans l’oublie à l’extrême opposé de la Vallée des Jedi. Cette tribu, qui fut à l’origine une infime partie de la Guilde des mineurs, avait survécu, aussi incroyable que cela puisse paraître, aux troubles que connu la planète pendant un millenaire. En effet, lors de la bataille de Ruusan, vers 1000 av BY, qui opposèrent les Jedi de l’Armée de la Lumière menés par Hoth et les Sith de la Confrérie des Ténèbres dirigée par Kaan, une grande partie de la surface planétaire fut détruite. Le Clan Ashan, d’après les propos de leur doyens éponyme, firent ce qu’ils appelèrent par la suite, l’Ultime Exode et parcoururent la planète, s’arrêtant à un point précis qui devint leur biotope. Une chute d’eau couvrait un dédale de couloirs naturellement taillé dans la roche qui menaient à des chambres caverneuses de volume suffisant pour y abriter une centaine d’individus. Ainsi, ils restèrent par chance, à l’abri des prospecteurs, des réfugiés rebelles de Sulon, du Jedi Noir Jerec et ce jusqu’au délà la bataille pour la Vallée Jedi. En +57 ap BY, cette tribu comptait moins d’une cinquantaine de membres et se trouvaient à l’aube de leur extinction définitive.

Naato ne pouvait compter que sur elle même. Bannie par le clan depuis plus de deux mois standards, elle se mit en quête de trouver un moyen de préserver son fils d’une mort certaine. Avant son exil, elle pressentit l’arrivée d’une épidémie qui toucherait le Clan. Elle fut prise pour une démente, tant et si bien que la tribu, à l’issue d’un vote, lui ordonnèrent de ne plus sortir de sa case, tant qu’elle serait prise de folie. Cette sanction incluait son mari, pourtant indispensable à la tribu pour ses connaissances en astrologie primitive. Lorsque le mal prédit par Naato s’abattit sur le Clan, ils crurent qu’à force de prêcher la mort, la jeune femme l’avait invoqué. Dans un premier temps, décision fut prise de la sacrifier au nom du Doyen Légendaire Ashan. Mais la pratique de la peine de mort étant absente des us et coutumes du Clan, après de longs débats, elle fut bannie, elle et son trop jeune fils. Son conjoint, jugé saint, fut contraint par la manipulation de ses paires, de faire un choix. Il ne vint pas avec elle.

Pour autant, Naato fit preuve d’une incroyable résistance portée par une implacable détermination depuis son exil. Pour la plupart des presque-humains, la prospérité de l’individu ne se trouve que dans la vie en communauté. Par ailleurs, la jeune mère n’a jamais apprit à vivre en solitaire, mais l’importante acuité de ses intuitions lui firent toujours se diriger dans la bonne direction. Elle ignorait ce qu’était la Force, tout comme elle ignorait que son potentiel dans ce flux d’énergie qui réside en toute chose était énorme. Cette fois encore, elle se laissait guider par ses sensations le plus mystiques. Jusqu’à ce que l’un de ses sens reprenne le relais. Un bruit sourd et lointain parvint jusqu’à elle. Ce n’est pas la première fois qu’elle l’entend. Tout au long de sa vie, elle pu apercevoir dans les cieux, d’imposantes silhouettes que son Clan appelait « vaizo ». Bien des mots ont été transformé au fil du Temps est des générations. Les ancêtres de Naato en côtoyé une pléthore de civilisation. Mais depuis l’Ultime Exode, ces Ruusaniens cachés, coupés du reste de l’univers, ont régressé sur tous les plans. Seulement quelques termes désigne des choses vues, voir entendu par les anciens. Les « vaizos », les « Jeetaye » sont les deux termes dont, dans ce qu’ils désignent, sont souvent employés par les membres du clan, persuadés de leur existence.

Pour Natoo Ashanan’Clan, c’est un vaisseau. Soit l’unique moyen de fuir le mal qui la poursuit et par extension, cette mystérieuse planète dont elle ignore le passé. Elle court toujours, tenant, enroulée dans une bure sale et en lambeaux, son enfant. Elle put enfin mettre une image sur ce son familier, lorsque l’engin sortit de l’épais manteau de nuage, en direction du sol Ruusanien. Elle priait intérieurement toutes les énergies divines de la Galaxie pour que ce vaisseau converge vers un point proche de sa course. Ce qui fut le cas. Il s’agissait d’un vaisseau en piteuse état, de modèle indéfinissable. Mais Naato en avait cure. Il passa juste au dessus de sa tête, la végétation fut balayé par un vent brutale qui découvrit le visage de son enfant. Elle croisa son regard, lui souriant pour la première fois depuis son départ. Les yeux verts émeraude du bébé, identiques à ceux de Naato, se plantèrent dans le regard de la jeune femme. A une centaine de mètre devant eux, le vaisseau profita d’une clairière pour se poser. A cela, la jeune mère eu un second souffle et parcouru la centaine de mètres restante en une petite dizaine de secondes. Le temps pour le propriétaire du vaisseau d’ouvrir la rampe.

Il s’agissait d’un prospecteur humain indépendant, d’une quarantaines d’années, déjà chenu, une barbe d’une semaine grisonnante, s’étirant, satisfait d’être arrivé sur Ruusan. Au pied de la rampe, ses deux mains plaquées contre sa nuque raide et douloureuse, il contempla les alentours. « Je ne dois pas être loin… » lacha-t-il à lui même.

– B4 ! Hurla le prospecteur, vient par là !

– Oui maître ? Répliqua un froide de protocole en piteux état lui aussi, descendant la rampe.

– Amène moi l’holoprojection de Karem sur cette partie de Ruusan. Je pense que le gouffre se trouve dans les parages.

– Le voici, le droide avait déjà dans l’une de ses mains le petit bloc de données éteint. Il s’approche et, dans un tressautement, la fit tomber au sol, devant le prospecteur. Excusez moi Maitre, je…

– Imbécile de droïde, cracha l’homme qui s’abaissait pour récupérer l’objet, rappel moi pourquoi je t’ais sortis de ta casse sur Nar Shadaa ?

– Si je puis me permettre cette réflexion Maître, il vous f…

Cette discussion fût interrompue par Naato qui, bondissant comme un tigre d’un bosquet, le visage ensanglanté, s’approcha d’eux à pleine vitesse. Le prospecteur n’eu pas le temps de rattraper le bloc de donnée et se redressa aussitôt, brandissant son blaster en direction.

– Holà… qui êtes-vous ? S’enquit l’humain. N’avancez plus !

– S’il vous plait, rétorqua Naato dans un basic mal articulé, qui bien évidemment ignorait son ordre. S’il vous plait, aidez-moi !

– Je suis déso… fut coupé par la jeune femme qui, tout en écrasant le bloc de données, s’agenouilla, tendant son enfant. Non, écoutez moi, continua-t-il, je…

– Je vous en supplie. Vous devez emmener Vilad avec vous, emmenez le vers les étoiles, loin, loin d’ici !

 Attendez, calmez vous…

– Emmenez le ! Hurla t elle avec une telle force, que le prospecteur en fut glacé d’effrois. Poussé par une force inconnue, il prit le bébé dans ses bras qui se mit à pleurer.

Naato se releva, en larmes, les mains jointes témoignant de l’importance du sacrifice auquel elle se livra en cet instant. Le prospecteur remarqua que le bloc de données était en miettes. Déboussolé, il regardait son droïde, l’enfant et la mère, tout à tour.

– Partez ! Lui somma Naato, sanglotante, partez, maintenant avant qu’il n’arrive !

– Il ? Qui « il » ?

– Partez ! Elle le poussa violemment au niveau des épaules. Il recule de deux pas, se sentant impuissant face à la volonté de cette jeune femme.

– Je… D’accord. M…

Elle s’approcha, calmement cette fois et embrassa son bébé sur le front. Elle se redressa, le regard reconnaissant envers le prospecteur, désarmé devant tant de souffrance et par la spontanéité des événements qui se déroulent depuis qu’il a posé le pied sur Ruusan. Naato Ashanan’Clan reprit sa course, disparaissant dans la densité de la végétation. L’humain la regarda partir. Il l’entendit vociférer de rage et une seconde fois, un frisson lui parcouru l’échine. Il pose ses yeux sur l’enfant, puis à nouveau sur le bloc de données. Son expédition est vaine désormais, sans une carte de la zone.

– Prépare le décollage B4, je vais mettre l’enfant dans l’habitacle.

– Bien Maître mais l’expédition ?

Le prospecteur avait déjà disparu dans le vaisseau. Le droïde le suivit.

_____________[ SUITE : vers Chapitre I ]____________

2 réflexions sur “Prologue

  1. Je dit « Monsieur » Vilad se gave. c’est un vrais roman. Quand tu sera maître ,tu pourras le publier et tu auras donné vie à un nouvel opus de SW. Félicitations, continues !

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